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Esprit d’indépendance

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Esprit d’indépendance

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Esprit d’indépendance

C’est une « fille de 1973 ». Vincent Delerm pensait-il à elle en écrivant sa chanson éponyme ? Pas si sûr. Car lorsqu’il fait référence à « celles qui ont vu trois fois Rain Man », Charlotte de La Grandière, elle, aurait plutôt vu et revu The Servant. « Le cinéma est l’endroit où je me sens le mieux au monde, confie-t-elle. J’y vais seule avec des bonbons -j’évite le bruit du papier !- à n’importe quelle heure de la journée ». Si bien qu’elle a d’abord voulu en faire un métier. Après son bac B à Janson de Sailly et une journée en Droit à Assas -« j’ai détesté les deux »-, elle intègre le cours Florent, où son nom est sujet de moquerie. Pas bien drôle. Elle quitte alors Paris pour Londres, toujours en vue de devenir comédienne. Pas plus convaincant. C’est finalement à l’Esra, une école de ciné du XVe arrondissement, qu’elle va trouver ses marques « dans une promo où nous étions tous soudés ». D’abord assistante de réalisateurs sur des courts et des moyens métrages, elle flirte ensuite avec le métier d’ensemblier et accessoiriste. Déco et décors l’inspirent. Mais le rythme des tournages, tantôt excessif, tantôt réduit au néant, ne lui convient pas. Pas pour elle, les montagnes russes. Elle imagine alors des scénographies pour des magazines, des vitrines. Elle opère. On la repère. Sensibilisée aux tissus par sa mère, la créatrice Dominique Kieffer, elle veut « monter une boîte ». Son idée : « proposer des tissus entre ceux du marché Saint-Pierre et ceux des grandes maisons d’édition ».

« Ma génération est plus conformiste que celle de mes parents au même âge »

Son enseigne voit le jour en 2010 sous le nom de Rue Hérold, adresse où le showroom se situe dans Paris. La simplicité la guide. Le durable aussi. Exit les mots « mode » ou « tendance ». Quant aux cocktails ou autres vernissages, « ils me donnent le cafard ». Elle préfère de loin un café pris au Nemours ou préparé dans la mini cuisine de son showroom. Et quand elle veut prendre du champ, elle s’échappe à Londres, Milan, Rome ou… Vals -« là-bas, c’est le pays de Heidi ! »-. « Je me sens à côté de celles et ceux qui font le même métier que le mien. Je ne comprends pas pourquoi, dit-elle. Car je ne suis pourtant pas un ovni ! » Même scénario avec sa génération, qu’elle trouve « plus conformiste que celle de mes parents au même âge ». Fan de Bowie et Patti Smith, elle fonctionne à l’instinct plus qu’au nombre de « like » sur son compte Facebook. C’est comme ça, par exemple, qu’elle met au point une collaboration avec l’agence Normal Studio ou qu’elle conçoit « des sortes de mises en scène » pour des hôtels. Hôtels où elle rêve de vivre dans notre époque si formidable : « un hôtel c’est comme une salle de cinéma, on s’y sent protégé ». Ce qui est loin d’être le cas sur un vélo dans les rues de Paris, mais elle préfère slalomer entre les voitures et les bus, sur son « vieux Décathlon », que prendre le métro. « C’est une forme de liberté, explique-t-elle. Une façon d’être indépendante parmi les gens ».

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