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Self « mode » man

Portrait

Self « mode » man

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Self « mode » man

A 11 ans, sa vie bascule. Il reçoit un appareil photo et un vélo. Avec le premier, il va bricoler dans la chambre noire de son père. Avec le second, il découvre la liberté. Nous sommes à Beeston, près de Nottingham, au milieu des années 1950. Paul Smith s’inscrit dans un club cycliste. Mais une collision avec une voiture met fin à son désir de devenir coureur pro. Il a 17 ans et va passer plusieurs mois à l’hôpital. Opération. Rééducation. La totale. Dans cet environnement, a priori hostile, il garde le sens du contact et des rencontres. Il fait ami-ami avec de grands convalescents, comme lui. Puis, à leur sortie, ils se donnent tous rendez-vous dans un pub qui sert de QG aux étudiants d’une école de stylisme. Paul Smith ignore tout de cet univers. Il a arrêté l’école à 14 ans. Mais il écoute, observe, s’émerveille face aux œuvres de Kandinsky et Mondrian. Il apprend et s’éprend de Pauline, une prof d’arts plastiques fraîchement diplômée du Royal College of Art. Avec elle, il s’initie à la construction d’un vêtement. Sous son impulsion et avec 600£ de mise de fonds, il ouvre sa première boutique en 1970, à Nottingham : un cube de 9 m2, estampillé « Paul Smith Vêtements pour l’homme ». « En français, c’était plus chic », confie-t-il. On y trouvait ses premières créations, mais aussi des Levi’s importés des Etats Unis, des pièces signées Margaret Howell et un lévrier afghan, Homer, qu’il qualifiait volontiers de « directeur de la boutique ».

Comme un ado, il poste ses photos perso sur Instagram

Audacieux, talentueux, curieux de tout, il se fait vite repérer comme styliste freelance. Londres l’attend. En 1976, il quitte Nottingham pour la capitale, avec Pauline, ses deux jeunes enfants, ses deux chats, ses deux chiens. La même année, il s’affiche à Paris avec une première présentation de ses créations dans une chambre d’hôtel du quartier de l’Odéon : époque formidable. Puis, il part à la conquête du Japon et, en 1982, sort définitivement des sentiers battus avec ses rayures multicolores, déclinées depuis en 28 tonalités. Aujourd’hui, la marque Paul Smith est présente dans 73 pays, elle emploie quelque 3 000 personnes et le boss a été anobli par la reine Elisabeth II en 2000. Une réussite qui n’a en rien entaché la spontanéité et l’esprit joueur du créateur. Comme un ado, il poste ses photos perso sur Instagram. L’été, en Toscane, il va voir les étapes du Tour de France sur l’écran de télé d’un vieux bistrot. Lorsqu’il vient à Paris, il enfourche sa bicyclette et fonce rue du Cherche Midi pour acheter son pain chez Poilâne. Ses amis s’appellent Jimmy Page, Eric Clapton, Paul McCartney, David Byrne ou encore Patti Smith, dont un portrait orne son bureau parisien. Lorsque Bowie est mort, il lui a rendu hommage en musique dans sa boutique du Marais. Quant à nous, il nous a reçus comme des proches, un samedi à l’heure du café. On avait des pralines de chez Mazet. On les a partagées.

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